Manager : être sympa ET fidèle à toi


#42 Nos sacrifices sur l'autel de la bonne réputation

Tu veux être aimé·e ou tu veux diriger ?

Hello hello,

Cette semaine, je t'écris depuis chez moi où l'automne s'est installé, les trottoirs sont recouverts de feuilles et les maisons décorées pour Halloween. Je n'ai jamais célébré cette fête, mais depuis que je suis ici, tous les ans, je profite de ce jour pour aller me promener dans les rues, car les Irlandais prennent Halloween très au sérieux.

L'année dernière, j'ai même vu deux petits garçons déguisés dans une cosse de cacahuète géante.

Et à chaque fois que j'y repense, je souris pendant 1h.


Programme de cette édition :

  1. Édito
  2. Les sacrifices faits sur l'autel de la réputation du patron/ de la patronne
  3. Des nouvelles de mes coulisses

Temps de lecture :

  • 6 minutes vitesse normale
  • 12 minutes en trail parce que ça monte fort


1. Édito

Dans le nouvel épisode de Passe moi le sel (le #46), je parle d'un sujet aussi invisible qu'il est présent dans le quotidien de 80% des restaurateurs et des restauratrices que j'accompagne.

D'ailleurs, c'est quelque chose qui les impacte au travail, mais aussi dans leur vie privée. Car après tout, ne sommes-nous pas les mêmes personnes à la maison et au travail ?

Ce dont je parle dans cet épisode, ce sont les sacrifices que nous commettons sur l'autel de la bonne réputation. Face à nos équipes, face à nos associés, face à nos clients.

Décisions prises pour faire bonne figure.
Désaccord non exprimé pour ne pas vexer.
Dire oui à des congés alors qu'on pense "non."
Venir tôt et partir tard pour éviter de "passer pour ..."

Tout le monde veut être apprécié.

Tout le monde veut maintenir une bonne ambiance.

Et la majorité d'entre nous ne veut pas passer pour méchant.

Et c'est sur cette base, qu'on finit par dire et faire ce qu'on pense que l'autre attend de nous.

Très souvent sans le réaliser sur le moment.

Alors, on continue, tous les jours, ces tout petits sacrifices.

Et on réalise notre erreur le jour où on est obligé·e de passer à la caisse.


2 - Décryptage des sacrifices qu'on fait "pour" nos salariés

Warning : c'est la partie où ça pique.
C’est aussi celle où tu peux reprendre le plus de pouvoir.

Car, que tu sois gérant·e à distance, ou gérant/manager/plongeur, tu joues le rôle principal dans ton restaurant. C'est toi qui donnes le ton, c'est toi qui montres l'exemple. Et c'est toi qui dis quand ça commence à sonner faux.

Voici les 2 sacrifices qu'on découvre le plus souvent avec les restauratrices et les restaurateurs que j'accompagne, au moment de décortiquer une masse salariale ingérable, un chiffre d'affaires qui baisse, une inconstance dans la qualité. Et même un manque de temps chronique !


1. Tu ne dis rien en pensant protéger "la relation"

  • Tu laisses passer un comportement qui ne te convient pas.
  • Tu ne formules pas un feedback parce que “ça va passer”.
  • Tu enrobes un feedback à tel point que le cœur du message devient incompréhensible.
  • Tu amènes des changements opérationnels ou d'organisation sans le dire clairement.

Et le résultat, c'est qu'à chaque fois que tu choisis le silence ou la "méthode sandwich pour le feedback" (qui est à jeter à la poubelle et à brûler svp), tu effaces un peu plus le cadre nécessaire au bon déroulé des opérations.

Et ton équipe qui devait respecter des standards est désormais à une équipe d'esprits libres, sans lien fort, sans cohérence, sans homogénéité. Et donc très très difficile à manager.

“Je n’ose pas dire ou je n’ose pas clairement dire les choses. J’ai peur d’exiger, j’ai peur de passer pour un tyran, pour le patron qui demande à tout le monde de travailler et qui n’en fait pas une…”

Tout ça parce que :

  • Tu ne te sens pas capable de "bien" dire les choses
  • Tu as peur que tes idées et demandes soient refusées
  • Tu as peur de vexer, décevoir. Et que ton salarié parte
  • Tu as peur de te tromper, tu n'es as sûr·e de ta position
  • Tu as peur qu'on découvre ton imposteur

Ici, je te propose quelques questions pour déconstruire la croyance qui te fait agir ainsi :

Comment tu sais quand tu manages bien et quand tu manages mal ? À quoi on le voit à la fin ?

Comment tu sais que ton équipe ou José se vexerait en entendant ce feedback ?

Comment tu t'y prends pour générer de la réticence ou de la déception au sein de ton équipe ?

Qu'est-ce que tu peux tester dès demain pour exprimer ta vérité tout en respectant ton salarié ?


2. Tu penses qu'être sympa est le plus important

  • Tu valides des congés en plein rush, alors que ça ne te convient pas.
  • Tu cèdes à une prime ou une promotion que tu ne voulais pas accorder.
  • Tu acceptes une demande de planning qui n’est pas cohérente avec la stratégie globale.

“Je dis oui à une demande même quand j’aimerais dire non. Le sacrifice, c’est de ne pas tenir ma stratégie, parce que j’ai peur de décevoir, ou de faire fuir un salarié.”

Résultat : tu es la personne la moins bien lotie de ta propre entreprise. Au service des désirs de chacun et non plus au service de tes objectifs.

Tu accumules les frustrations envers tes salariés (qui ne le savent même pas) et un jour, tu "snap." Et personne ne l'a vu venir...

Ici, il y a deux choses intéressantes que tu peux creuser :

  • Tu associes le fait de "dire oui", de céder, d'accepter avec de la sympathie.
  • Tu fais un lien entre le fait d'être sympa et la possibilité d'obtenir ce que tu veux

Quelques questions pour trouver des alternatives plus efficaces :

Comment sais-tu que tes salariés attendent de toi cette forme de sympathie généreuse ? Attendent-ils seulement ça de toi, ou y a-t-il autre chose ? Attendent-ils ça de toi toute l'année, tous les jours, sur tous les sujets ?

Qui connais-tu d'extrêmement sympa et qui n'obtient jamais ce qu'il/elle veut vraiment ?

Que lui conseillerais-tu pour rester fidèle à elle-même : être sympa ET respecter ses idées ?

Qu'est-ce qu'il se passerait de "mauvais" et de génial demain si tu prenais un temps avant de répondre et que tu osais répondre ce que tu souhaites vraiment ? Écris 3 exemples


Ma propre histoire avec ces sacrifices

Quand j'ai pris mon premier poste de manager, il m'arrivait régulièrement d'être présente de 7h à 23h, de travailler 7 jours consécutifs. De partir du principe que "je dis oui à tout et je m'organise pour gérer derrière."

Mon cerveau était passé en mode "super déni." Mécanisme très intelligent et utile pour rester dans sa merde son problème :

  • "Si je ne suis pas là, il arrive des choses"
  • "Si je refuse, il partira et je ne saurai pas gérer"
  • "Si j'impose ce changement, ils seront soûlés et je briserai la confiance."

En fait, quand tu en es à ce stade, le problème, c'est ni les autres, ni ton management.

C'est la confiance.

Tu n'as ni confiance en ta capacité à gérer, ni confiance en la capacité de l'autre à s'adapter.

Quand tu es prêt·e à tout, alors tout arrive.

Et quand on prend les gens pour des monkeys, ils ont tendance à finir par agir comme tel.

Après quelques semaines et quelques kilos perdus (alors qu'ils n'étaient pas de trop...) j'ai réalisé que :

  • Ce n'étaient pas mes équipes qui abusaient, c'était moi qui avait gommé leur cadre de travail
  • Ce n'étaient pas le métier qui était dur, c'était ma façon de manager qui invitait la difficulté

J'ai tout remis à plat, des départs ont eu lieu, les liens avec ceux qui sont restés ont été renforcés. Et j'ai pu commencer à manager d'une façon qui était juste pour mes équipes ET pour moi.


Dans le nouvel épisode de Passe moi le sel, je décrypte les sacrifices les plus courants : vis-à-vis de ton équipe, de ton associé·e et de tes clients. Et je te propose comme toujours quelques idées pour déconstruire cette façon de faire que tu as qui ... pourrait être noble. Mais qui t'éloigne juste du cœur de ton projet.


3 - Des nouvelles de mes coulisses

La fin de l'année arrive bientôt et je compte bien rallonger la liste de mes célébrations.

Comme j'en parlais dans cette précédente newsletter 100% sur mes coulisses, ma priorité pour 2025 était la trésorerie. Et oui, même les solo-business ont besoin de travailler leur rentabilité, gérer leurs dépenses et leurs investissements, consolider une trésorerie et la maintenir saine.

Après plus de 4 ans maintenant, j'ose célébrer avant le 31 décembre :

  • le fait d'être passée de 60h à 35h de travail en moyenne
  • mon chiffre d'affaires a fait un nouveau bond en avant cette année
  • le fait d'avoir déjà consolidé la moitié de ma tréso (encore 6 mois, je tiens bon)
  • le fait d'être passée de boule de stress à une posture sereine et fidèle à ma personnalité
  • le fait d'aimer toutes les personnes avec qui je travaille et d'œuvrer à maintenir ce ratio à 100%

Ce sont mes paillettes à moi. Et j'en suis extrêmement fière.

La suite de mes projets sera de continuer la montée en compétence et la soft-croissance :

Et je continue cette vie de demi-ermite-irlandaise, car c'est ici et dans ce rythme et ces espaces que je trouve mon inspiration et le socle de mon bien être.

Si jamais tu as besoin de mon aide pour libérer l'accès à ton développement et franchir un nouveau cap :

Voici 4 façons dont j'aide les restaurateur·rices à retrouver le contrôle sur les opérations, la confiance en l'avenir de leur projet et le plaisir, même dans les périodes les plus éprouvantes :

  • Programme "Next Step" : un format court pour prendre toutes tes décisions stratégiques pour le long terme et aligner (planifier) tes actions court termes. Sérénité garantie à la sortie !

  • Coaching League ou Coaching League pour binôme : je deviens ton associée à temps partagé sur les mois à venir. Tu seras challengé, soutenu et tu repartiras équipé·e pour aborder tous tes projets à venir avec calme et confiance.

Tout accompagnement commence par un diagnostic. Mais tout diagnostic ne mène pas à un accompagnement, il est non engageant, toujours offert, mais ses places sont limitées.

Si c'est le bon moment pour recevoir un regard extérieur sur ta stratégie et ton blocage du moment, remplis dès aujourd'hui ton questionnaire d'état des lieux :

Les créneaux de RDV se réservent à la fin.

​Et si tu as aimé cette newsletter ?

N'oublie pas de t'y abonner ici, et de la transférer à tes amis qu'elle intéressera.


Te désabonner (malgré ce délicieux contenu de qualité)

Hello, c'est Laurine de Passe moi le sel

Tous les mois, je décrypte et te partage les meilleures pratiques de gestion de restaurant pour que tu puisses enfin bien développer le tien.

Read more from Hello, c'est Laurine de Passe moi le sel
Éviter les gros pièges de la promotion interne

#42 La promotion interne : cheap ou idée de génie ? Comment tu t'y prends, toi, pour regretter d'avoir promu José ? Hello hello les amis, Aujourd'hui, je vous écris depuis un automne déjà bien avancé où je vis. Un peu trop d'ailleurs, parce que les jolies couleurs dans les arbres, c'est top. Mais le soleil qui se cache sous la brume : c'est bof. Sauf pour les fans d'Halloween ... Cette édition a été pensée pendant cette course. Programme de cette édition : Édito Décryptage : le "principe de...

Associés en restauration, pour le meilleur et pour le Aaaaaaaarg F*ck !!!

#41 Mythe VS Réalité Associé·es en restauration : pour le meilleur et pour le Aaaargh F*ck !!! Hello hello, Aujourd'hui, je célèbre la création de la première Minisérie d'épisodes de Passe moi le sel ! Ça faisait longtemps que j'avais envie de préparer ce format. Mais comme c'est un peu plus de travail qu'un épisode "indépendant" j'attendais de sentir une très forte inspiration pour un thème. C'est arrivé quand j'ai fait le constat suivant (tout simple, mais criant) : Le stress du résultat du...

#40 In(sta)digestion T'as un restau, t'as Insta, mais c'est pas la joie. Plutôt ambiance sueur froide, boule au ventre et comparaison aux autres ? Tu es au bon endroit ! Hello les amis, Je vous écris depuis mon 2ᵉ jour de reprise. Après 3 semaines de vacances, je peux vous dire que j'ai des tonnes de choses à vous partager. Et je me retiens d'envoyer la sauce trop vite, car je sais que vous faites aussi votre reprise et que ça swingue bien. Alors, on va y aller comme d'habitude : cool, zen,...